Les demoiselles du grand Yahndawa de Béatrix Delarue et Lorraine Lapointe


 

Les demoiselles du grand Yahndawa de Béatrix Delarue et Lorraine Lapointe Tome 2 saga Quand le vent soulève les coiffes

Collection Hors Temps

Editions Ex Aequo

L'histoire se déroule à Québec, l'Île d'Orléans ou Lévy, le long du fleuve. La vie dans ces endroits coupés du monde l'hiver, où l'on se déplace en barque à la fonte des glaces.
Est-on vraiment tout seul dans ces grandes étendues ? Il arrive toujours quelque chose au moment où l'on ne s'y attend pas...
Je m'appelle Marguerite, j'ai 16 ans, je m'appelle Madeleine je n'ai pas encore 15 ans, auparavant nous étions à l'Hospice de la Salpêtrière de Paris, abandonnées par nos familles.

Dans ce grand dortoir, à la lumière des chandelles nous avons pourtant survécu à la gale, au scorbut, à la faim qui nous tiraillait. Mais nous avons évité la Jacquetière où l'on enferme les rebelles.

Nous avons appris à lire, à compter, à broder. Certaines ont pu faire un apprentissage, d'autres sont parties rejoindre comme petites bonnes des familles de la haute société. Mais nous avons eu de la chance grâce à notre bonne conduite, nous voici sollicitées par Le Roy pour aller nous marier grâce à cette dot qui nous est offerte.

Là-bas, nous aurons une meilleure vie, nous pourrons manger à satiété, nous le savons grâce aux lettres de nos compagnes. Nous avons reçu une bonne éducation mais sans dot, il est impossible de nous marier, nous ne voulons pas rester dans ce fourbi qui grouille du matin jusqu'au soir...alors nous nous embarquons pour la Nouvelle-France avec nos compagnes de Bourgogne, Champagne et d'autres provinces de France et celles fuyant la religion réformée et interdite.

Après ce si long voyage, nous voici à Québec. Anne Gasnier notre bienfaitrice facilite les choses.
Il nous faut signer un contrat de mariage... Moi, Madeleine je me marie si vite et pourtant je suis si jeune. Moi, Marguerite je suis perdue et je n'arrive pas à me décider, je vais donc prendre un peu plus de temps. Nous verrons ce que le destin me réservera.

Nous, Madeleine, Marguerite, Françoise, Marie-Victoire et toutes les autres, somme fières d'avoir accompli cette mission confiée par le Roy de France, nous sommes des pionnières, des femmes courageuses.

Nous Cécile, Toutayé, Andicha, il faut aussi compter avec nos familles, le long du fleuve, nous sommes les gardiens, les guides de ces terres.

Notre peuple est bien présent et nous offrons notre savoir-faire à nos compagnons.

Sans nous, vous ne pourriez pas vous déplacer, vous avez hérité de nos raquettes, de nos canots, de nos chemins, de nos plantes, nous vous facilitons la tâche avec le commerce des fourrures, vous participez à nos traditions, certains d'entre vous ne quittent pas nos campements et fondent des foyers parmi nous.

Ces passages sur les premiers peuples sont superbes !

Comme j'ai aimé ce récit que je ne connaissais pas ! Le roi Louis XIV a tiré des orphelinats de Paris et de Province ces jeunes orphelines pour soutenir l'effort de peuplement de la Nouvelle-France.

Tant de guerres, de pauvreté, d'épidémie. L'époque est difficile, partir est une aubaine.

Ce deuxième tome est encore plus intense que le premier, de rebondissements en aventures, on retrouve les héroïnes du premier tome que l'on suit au long des pages.

Des sentiments, des secrets, des déceptions, des histoires politiques, des intrigues, des expéditions.
Le dur hiver, les Hurons, les Iroquois, les prémices de quelque chose qui n'est pas encore arrivé mais qui surviendra comme ces vaisseaux anglais qu'on aperçoit se faufiler dans la baie...

Et puis ces femmes merveilleuses offrant la construction de ce pays, ces accompagnatrices accomplissant le voyage plusieurs fois, Anne, Elisabeth, celles sur place, les Hospitalières, les Ursulines. Quel beau témoignage du passé sur la transmission !

Il y a longtemps que je n'avais pas lu un aussi bon roman, j'ai été triste de laisser ces personnages si attachants dans la ligue de Jane Eyre de Charlotte Brontë, Olivier Twist, David Copperfield ou d'autres héros de Charles Dickens ainsi que Jack London ou James Oliver Curwood.

Je ne peux que vous le conseiller.

  Nathanaëlle


Extrait

À ce moment, l’extase fut à son comble ! La barrière s’ouvrit laissant passer un travois chargé de marchandises, tiré par un attelage de sept chiens, aboyant avec force.

Les enfants se précipitèrent pour les détacher et leur proposer nourriture et eau. Les hommes s’échangèrent des accolades, vraisemblablement heureux de se retrouver. L’oncle de Cécile, connaissait François et son compagnon Charles de Trois-Rivière.

Les deux compagnons, traiteurs en fourrure, négociaient avec les natifs du Nouveau-Monde des peaux de castor, d’élan ou de loutres maniant avec habileté le troc contre des fusils, des toiles, des couteaux de chasse. Cette fois-ci, Andicha serait de l’expédition et servirait de guide un mois ou deux dans les bois à traquer le gibier, mais il faudrait revenir avant l’hiver… ce n’était pas une grande mission pour lui, ayant l’habitude du grand portage du printemps jusqu’à l’hiver, dans le Pays d’en Haut.

Pour l’instant, il fallait décharger puis recharger. Ils iraient ensuite récupérer le canot

Le Huron apportait des ballots et des caisses contenant lard, pois, blé et biscuits. Les deux amis s’occupaient des haches, limes, fusils, plomb et chaudron.

Marie-Victoire s’approcha de l’attelage. Le plus jeune des deux la prit pour une Huronne, les yeux profonds de la jeune fille se plantèrent dans les siens.

Un instant, il la dévisagea, lui donna l’ordre de détacher le dernier chien qu’on avait oublié.

Elle s’exécuta avec joie, enlaçant l’animal reconnaissant qui jappait bruyamment. La jeune fille s’accroupit et lui donna sa pitance. L’homme s’assit à son tour, lui parla un français mêlé de dialecte amérindien. Puis il lui caressa la joue.

     Tu aimes les chiens, ils te le rendent bien ! 

     Oui, acquiesça-t-elle, les cavales aussi.

     Tu parles un bon « françois » et il se rapprocha près du feu éclairant son visage. Tu es belle. Tu as la peau blanche, les traits fins pour une Amérindienne. Elle retint son souffle.


Quand le vent souleve les coiffes, tome 2 : Les Demoiselles du grand Yahndawa - Babelio

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