Les Mals Aimées de Caroline Bréhat




 Les Mal Aimées de Caroline Bréhat aux éditions ART 3 


Alors qu'elle est en train de refaire sa vie avec un être aimé rencontré, Bettina se retrouve incarcérée pour kidnapping et non présentation d'enfant par son ex et père de sa fille Apolline.

En prison, au milieu d'une faune de gens en souffrance, d'insécurité et de représailles, Bettina, grâce à un cahier qui lui sauve la vie, commence d'écrire son histoire...Celle de sa fille en proie à un père incestueux mais la sienne également qui lui permettra de comprendre le fil de leurs vies et de faire face aux problèmes de certains faits destructeurs lorsqu'ils n'ont pas été soignés, écoutés et repérés, reproduisant des schémas sur des générations entières...

Le livre raconte effectivement sur quatre générations de femmes, appelées Aimées, soit de par leur prénom soit de par leur deuxième prénom, qui subissent une sorte de répétition transgénérationnelle sur l'incestuel et les violences familiales.

Les Mal Aimées titre bien choisi, je trouve, raconte comment ces héritages nocifs, dès lors qu'ils sont non symbolisés, se reproduisent de génération en génération comme une force incontrôlable. Il faut donc nommer cette roue sans fin pour qu'elle cesse de frapper et que le cycle vicieux transgénérationnel se rompe enfin.

C'est aussi un implacable traversée du milieu carcéral féminin, au milieu de récits d'horreur où il ne faut jamais montrer le moindre signe de faiblesse, une bataille implacable pour que la parole de l'enfant soit donnée et écoutée avec justesse dans ces tristes combats d'adultes. C'est un combat surtout pour que l'équilibre fragile de l'enfance soit préservé et qui peut basculer à tout moment face à l'inconscience des adultes.

Un livre courageux, un témoignage bouleversant.
J'ai lu ce roman du début à la fin d'une traite, allant d'hallucination en hallucination, ne connaissant pas ce monde de justice, d'un pays à l'autre, j'ai été très émue en espérant que les choses changeront pour protéger et entendre l'enfant.

L'écriture de ce roman est fluide, facile à lire et sincère, il qui dénonce beaucoup de choses mais toujours dans le but de faire évoluer. Il mérite d'être connu, et restera parmi mes livres favoris de cette année.

Pour en savoir plus sur l'auteure :

Caroline Bréhat est psychanalyste et auteure. Ancienne journaliste freelance et traductrice diplomatique à l'ONU à New York pendant 13 ans, Caroline Bréhat a écrit 5 romans. Son dernier roman, Les Mal Aimées, explore les dégâts opérés par les héritages inconscients (le transgénérationnel) sur le destin de 4 femmes. Ses trois derniers romans privilégient les thématiques de l'emprise (conjugale et parentale) et ses effets sur la maternité et l'enfance, ils décrivent le lien entre l'emprise et le désamour de soi : Les Mal Aimées (2021, Art 3 Editions), Mauvais Père (2016, Les Arènes), J'ai aimé un manipulateur (2010, Les Arènes) est traduit en une dizaine de langues (italien, roumain, tchèque, polonais, québécois (si, si !), lituanien, letton...). En tant que journaliste, elle a publié sous son nom de plume journalistique Kill, Kill, Kill Crimes de guerre en Irak ? avec le sergent du Corps des Marines Jimmy Massey en 2005 (Edition du Panama), qui a été joué au théâtre de l'Atelier 210 à Bruxelles, adapté par Alexandre Drouet dans le Projet Cryotopsie. Son deuxième roman, écrit avec Victorine Saulnier en anglais utilise le registre comique, il s'intitule Hot Dogs And Croissants The Culinary Misadventures of two French girls in America en 2015 (Skybook Publishing).

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