Villa des Orangers de Régine Ghirardi


Villa des Orangers de Régine Ghirardi

Collection Magnitudes - JDH éditions

527 pages








Je remercie l'auteure Régine Ghirardi pour m'avoir fait découvrir ce beau roman aux nombreuses senteurs et saveurs, très bien écrit et bien documenté.

Claudia Saint George, jeune femme originale, un époux, des amis, des enfants, passionnée d'art, à la particularité d'être grande amatrice de thé et de cantucci aux amandes, de pouvoir imiter le chant des oiseaux,  de cuisiner des conchiglionis parfumés et délicieux au palais, de déguster un Bardolino Chiaretto rosé,  fidèle à la musique libanaise, à la culture arabe qu'elle découvre, restauratrice au musée des offices de Florence, peut-être atteinte modérément d'un syndrome étonnant, le syndrome de Stendhal, qui provoque chez elle une émotion démesurée. 

Un jour sa vie change quand elle rencontre Maria-Maddalena Sandys, l’arrière-arrière-petite-fille du peintre anglais préraphaélite Anthony Frederick Sandys dont elle restaurera un tableau de famille. Elle installe son atelier dans la  mystérieuse villa des Orangers appartenant à cette personne qui semble froide hautaine, au cœur sec et impressionnante et qui deviendra pourtant une très grande amie. 

Claudia veillera sur elle jusqu'à la fin de sa vie et rachètera la villa en viager. J'ai lu doucement ce roman sur l'art de vivre car il contient beaucoup de thèmes, vous saurez tout sur l'art et la restauration de tableau, sur les couleurs et en particulier le bleu. 

Les thèmes de la vieillesse, de la solitude, de l'euthanasie, du deuil sont également abordés et en particulier comment vieillir et bien vieillir. Lorsqu'on atteint un certain âge peut-on encore s'accorder l'amour et le joie de vivre. Claudia laisse tout derrière elle pour aller s'installer dans cette mystérieuse villa des orangers dont elle hérite de son amie en quelque sorte. Et puis la vie intense commence...la cueillette des olives, les vignes, les orangers de Massa Carrera, les sentiers de promenades parmi les lentisques, les garrigues, les agaves...

Elle va veiller sur ces dernières années jusqu'à cette cérémonie de passage très émouvante où elle décide même de ce qu'elle va porter, comment sera t-elle coiffée. Elle s'accorde le droit de choisir ses souvenirs les plus précieux qu'elle offre une dernière fois à son amie comme des vêtements, des rires, des moments de tendresse jusqu'à ce qu'elle ferme les yeux. Claudia aura été une amie, une confidente pendant ces deux années intenses pour Maria- Maddalena. C'est un roman sur la vie, l'amitié qui peut surgir dans la vie comme l'amour à n'importe quel moment. J'ai beaucoup aimé la scène de la fête de Noël où tout le monde débarque à la villa des Orangers, le bon thé de Hicham. On aimerait y être et je n'ai pas pu m'empêcher de savourer un Spritz avec une belle rondelle d'orange...il faut vivre tout simplement voilà le message de ce beau roman qui m'a fait un peu penser aux romans de Peter Mayle sur la Provence pour la beauté de la nature, le silence des jours et l'intensité du moment et à ceux de Ludmilla Oulistkaïa en particulier sur l'orchestration de la fin de vie. 

J'avais lu un passage où l'aïeule en fin de vie ne s'en fait pas, entouré de sa famille qui vit, mange et danse à ses côtés. Ludmilla Oulistkaïa écrit également sur la transmission, l'inter générationnel. Et puis j'adore la Toscane pour y être allée plusieurs fois petite et ce fut de très belles vacances. Montalcino résonne en moi ainsi qu'une autre villa...

Ce roman est très actuel en ce sens où dans notre société française les personnes âgées ne sont plus valorisées, parquées dans des maisons de retraite infâmes avec une nourriture insipide alors qu'elles ont travaillé toute leur vie...évidemment tout le monde ne possède pas une telle villa mais pourquoi ne vivons nous plus en famille, pourquoi ne prenons plus nous même soin de nos parents, pourquoi n'existe-t-il pas des solutions alternatives où les générations pourraient vivre ensemble, je pense à des collocations ou des maisons à plusieurs, plus petites et mieux gérées. 

Tout est à réinventer... que transmettons nous aux générations plus jeunes ? 

Un beau roman qui pose de nombreuses questions sur la vie. Nathanaëlle








Extraits :

Tout n’était que paix et silence. Je retrouvais les sensations et le vertige de ma première visite aux Orangers. Les odeurs et les couleurs du matin étaient divines. La rosée qui s’évaporait de ce maquis parfumait l’air d’effluves chauds et sucrés. C’était l’heure bénie où chaque plante, chaque arbuste se dévoilait dans une débauche de senteurs. Un tournoi dans lequel chacun se disputait le rang de star, pour exhaler au jour nouveau sa quintessence, note la plus pure, la plus rare, la plus forte. La respiration silencieuse du monde végétal.


Nous dégustions souvent un rosé glacé, du Rosatello Ruffino au parfum de pêche et de framboise ou du Bardolino. Mais, ce soir-là, je voulais un Spritz !

Cette boisson typiquement italienne était extrêmement rafraîchissante et peu alcoolisée. Il suffisait de remplir entièrement un très grand verre à pied avec des glaçons, puis de rajouter un alcool plus ou moins amer selon les marques : le Campari Spritz bitter, très amer, qui donnait au cocktail une couleur rouge vif, ou de l’Aperol Spritz dolce, ou Aperol Spritz, plus sucré, qui apportait une teinte plus orangée. Moi, je suivais à la lettre les conseils d’Ervanno et préparais mon Spritz en version plus rare avec du Cynar, de couleur noire ambrée. Puis on complétait le verre avec du Prosecco, un vin blanc pétillant. La touche finale, une belle rondelle d’orange !


Pour en savoir plus c'est ici :

https://www.letelegramme.fr/finistere/tregunc/regine-ghirardi-signe-son-premier-livre-villa-des-orangers-18-11-2020-126583

Villa des orangers - Régine Ghirardi - Babelio



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